Doctorat

(Paris IV-Sorbonne) | soutenue en septembre 2018

sous la direction de Bernard Vouilloux

Jury :

Martin Rueff

Nathalie Barberger

Jean-Louis Jeannelle

Alexandre Gefen

Spécialités :

~ histoire des idées et des représentations ;
~ arts du langage et arts visuels
(approches poétiques, rhétoriques stylistiques, sémiotiques, historiques, esthétiques) ;
~ analyses sémiotiques et pragmatiques des images.

“L’usage de l’œuvre : un autre paradigme artistico-littéraire
de la fin du XIXe siècle à nos jours (Proust, Bataille, Quignard)”

Sous la direction de Bernard Vouilloux, université Paris-Sorbonne

Thèse de doctorat soutenue en septembre 2018 :

Avec les bouleversements socio-économiques (industriels et politiques) intervenus depuis 1870 (Proust naît en 1871), le rapport à l’art (et celui, en particulier, de l’écrivain) change fondamentalement : l’art n’est plus un idéal (un « phare », comme l’écrit Baudelaire), mais une manière d’être-au-monde.

Écrire l’art aux XXe et XXIe siècles est une pratique de l’étant-au-monde (c’est-à-dire de l’ensemble des comportements et des pensées qui induisent notre rapport et notre vision du monde).

Ce changement implique et explique toute une série d’autres changements fondamentaux qui sont aujourd’hui encore au centre de toutes les discutions :rapport à l’objet, redéfinition du « moi », redéfinition de la notion d’art, etc.

Présentation par B.Vouilloux

“Il s’agira moins de construire une étude comparative des oeuvres des trois écrivains que de les considérer comme autant de balises ou de jalons en vue de mesurer la double mutation que l’art et la littérature auraient connue au cours du siècle. L’hypothèse que M. Gauthier souhaite explorer voit en effet dans le rapport que trois des plus grands écrivains français du XXe siècle auront entretenu avec les oeuvres d’art la manifestation d’un véritable changement de paradigme artistico-littéraire : dès lors que la littérature n’est plus posée comme un fait social, institutionnel, dans lequel viendrait s’informer la subjectivité de l’écrivain, mais comme le lieu même d’une exploration destinée à éprouver et à penser la complexité de l’être-au-monde, c’est le rapport même au langage qui se trouve mis au centre du travail littéraire ; mais, aussi bien, se trouvent par là même prendre une importance inédite toutes les expériences qui mettent en crise le langage verbal, à commencer par celles qui se nouent aux arts muets de l’image : la peinture, la photographie, loin de conforter l’appropriation symbolique du monde, ouvrent à d’autres modalités de la signifiance et forcent ainsi celui qui fait du langage verbal sa condition à en interroger la provenance, les moyens, les visées, les effets, les pouvoirs et les limites. Dans la mesure où la littérature n’est jamais qu’un art du langage, c’est donc la totalité du fait artistique qui se trouve réinterrogée.”

Objectifs & enjeux :

Expliquer le changement de paradigme artistico-littéraire sensible depuis la fin du XIXe siècle et dont nous sommes encore tributaires. Changement d’appréhension de l’oeuvre d’art, changement même de la notion d’art (jusqu’à une remise en cause de la notion même), qui s’accompagne d’un changement d’appréhension de l’objet par rapport au sujet, et évidemment d’une manière d’écrire (sur) l’oeuvre d’art.

Ce changement est esthétique, littéraire et sémiotique, mais il est également ontologique, éthique et politique. Les politiques républicaines aussi bien que les “révolutions industrielles et numériques” ont engendré cette transformation de la place et du rôle de l’oeuvre d’art dans la littérature et, plus généralement, dans l’histoire des idées.

Dans un monde de l’image, le texte ne cherche plus à “faire voir”, mais à “faire sentir”, pour compenser la surenchère visuelle.

Mieux différencier l’art contemporain défini selon les institutions, et la création comme expérimentation d’être-au-monde, c’est-à-dire comme pratique du quotidien et remodélisation le monde (les deux n’étant pas nécessairement séparés).