L’église San Silvestro al Quirinale se situe via XXIV Maggio, entre le largo Magnanapoli et la place du Quirinal (où l’on trouve le palais présidentiel et les Scuderie, salle d’exposition), non loin de Sant’Andrea al Quirinale.
Elle a été construite sur l’emplacement du temple de Semo Sanctus Dius Fidius.
1030 : date de la première mention.
Au Moyen Âge, on la nomme également San Silvestro in Caballo (en raison du célèbre groupe des Dioscures sur la place du Quirinal, toute proche), ou encore San Silvestro in Arcioni et San Silvestro in Biberatica.
1507 : par la bulle Cum nuper, est concédée aux Dominicains de la congrégation de San Marco di Firenze, sous la direction de Fra’ Mariano Fetti.
1524-7 : reconstruite par Clément VII (le rappelle une inscription lapidaire de l’ancienne façade, visible dans l’escalier qui mène à l’église).
1540 : concédée au cardinal Ascanio Sforza di Santa Fiora.
1555 : concédée par Paolo IV (1555-9) aux théatins (Chierici Regolari Teatini) qui décident de rénover la décoration et de restructurer le presbytère.
Milieu XVI : on dit que se réunissaient ici certains intellectuels pour parler d’une réforme interne de l’Église, dont Lancellotto Politi, Michel-Ange, Vittoria Colonna…
1798 : occupation française, les Théatins sont chassés.
1801 : concédée par Pie VII (1800-23) à la congrégation de la Compagnia della Fede, fondée par Niccolò Paccanari.
1801-4 : restauration due à l’archiduchesse Marianna d’Austria, protectrice de la congrégation. On aperçoit ses armoiries, et celles de Pie VII, au plafond.
1814 : confiée aux pères de la Missione di San Vincenzo de’ Paoli.
1873-7 : travaux d’élargissement de la via XXIV Maggio, sous la direction d’Andrea Busiri Vici (1818-1911) : la façade et les deux premières chapelles sont détruites. Certaines œuvres sont déplacées ailleurs dans l’église.
Façade (1873-7, Andrea Busiri Vici). La façade actuelle est purement décorative (la porte est feinte) : l’église se trouve à environ 9 mètres au-dessus du niveau du trottoir.
Plan de l’église :

Croix latine, avec nef unique, deux petites chapelles rectangulaires de chaque côté.
Le transept se prolonge à gauche par une chapelle à plan octogonal et à coupole.
Espace liturgique particulièrement profond (presque autant que la nef – 6/7).
Les murs sont recouverts de marbre polychrome.
Stefano Pozzi (1699-1768, peintre rococo romain, élève de Pompeo Batoni influencé par Sebastiano Ricci), peintures ovales (1736 ; 2 sur la contre-façades et 4 dans la nef) représentant, pour ceux de la nef, les saints François, Longin, Jean-Baptiste, Filippo Neri. Ces ovales alternent avec les fenêtres.
Giovanni Battista Della Porta (1542-97), Tombe du cardinal Federico Cornaro (1591). De ce même sculpteur, il faut aller voir à l’église Santa Pudenziana (entre via Cavour, au niveau de Santa Maria Maggiore, et le palais du Viminal, qui abrite le ministère de l’Intérieur), le groupe du Christ donnant les clés du Paradis à saint Pierre (1592), au fond à gauche (dans un espace mal défini, actuellement complètement abandonné).

Anonyme, Tombe de Prospero Farinacci
Anonyme, Baptême du Christ (haut-relief en stuc)
Plafond de l’époque de Pie V (1566-1572), de bois et à caissons, doré et peint. Financé par un certain M.A. Florenzi. On l’attribue à un ébéniste français (originaire de Troyes, entré dans le cercle de Michel-Ange) du nom de Flaminio Boulanger (dont le musée national de la Renaissance conserve un « cabinet Farnèse »).
1G – Chapelle de Fra’ Mariano, puis Sannesio (dont on relève certains emblèmes : monts, étoile, chien).
Plan rectangulaire avec voûte en berceau. Dédiée auparavant à la Vierge et ensuite à Catherine de Sienne.
Au sol, fragments d’un pavage en carreaux de terre cuite vernissée qu’on prête, à cause de cette technique, à Luca della Robbia (1525-7). Il rappelle celui des stanze de Raphaël au Vatican.
Anonyme romain de la fin du XVIe, Couronnement de la Vierge avec saint Michel, saint Jean l’Evangéliste, Marie-Madeleine et sainte Catherine d’Alexandrie (autel).
Polidoro da Caravaggio (1499-1543), assisté de Maturino da Firenze (1490-1528), Histoires de Madeleine (droite) et Histoires de Catherine (gauche).
Ce sont les premiers paysages intégrés à une décoration d’église romaine (1525).
On prête les saintes Madeleine (ou Marie de Béthanie) et Catherine soit à Polidoro et Maturino da Firenze, soit à Baldassare Peruzzi (1481-1536). La statue de Léa du tombeau de Jules II de Michel-Ange s’inspire de la Madeleine.
Frise monochrome des murs avec des paires de Putti.
Voûte (1604-5) : projet d’Onorio Longhi (1568-1619), architecte et poète, bagarreur, ami du Caravage et d’Orazio Gentileschi. Les fresques semblent toutes du cavalier d’Arpin, Histoire d’Etienne : saint Etienne en gloire (ovale central), son martyre (à droite), sa prédication à gauche.
2G – chapelle Ghislieri (ou « del Preseppe », c’est-à-dire de la crèche)
Plan rectangulaire avec voûte en berceau. Avant 1575, appartenait aux Orsini, acquise par Giuseppe Ghislieri vers 1640.
Marcello Venusti (1510-1579), Nativité (vers 1575). On trouvera d’autres peintures de ce peintre attachant un peu partout à Rome (Sant’Agostino, Santa Catarina ai Funari, Santa Maria-sopra-Minerva…).
Jacopo Zucchi (v.1542-v.1596), Circoncision (droite), Adoration des Mages (gauche) (c.1575). Zucchi a été formé par Giorgio Vasari, dont il est devenu le principal collaborateur.
Sur la voûte, fresques de Raffaellino da Reggio,Saint Esprit et anges (centre), Rêve de Joseph (droite), Massacre des innocents (gauche) (c.1575). David et Isaiah sous l’arc.
Transept droit – chapelle des saints Théatins / dei Santi Teatini
Plan rectangulaire, voûte en croix décorée de monochromes. Dédicace du XVIIe.
Antonino Barbalonga (1600-1649, né et mort à Messine, de famille noble, venu à Rome se former auprès du Dominiquin), Catehan Thiene et Andrea Avellino (1630) (autel)
Pietro Angeletti (actif 1758-1786, qui a peint notamment l’Apollon et Daphné à la villa Borghèse au-dessus du célèbre groupe du Bernin en 1780-5), Le bienheureux cardinal Paolo Burali console Pie V malade (gauche), Le bienheureux Giovanni Marinoni théatin devant Paul IV refuse la charge d’archevêque de Naples (droit). Commande du père Vezzosi de 1782.
1D – chapelle di San Silvestro (anciennement Santa Spirito)
Plan rectangulaire avec voûte en berceau.
Avanzino Nucci (1552-1629), Sylvestre baptise Constantin (autel, c.1610). Vient de la première chapelle détruite. Père éternel (centre). Docteurs de l’Église : Jérôme, Ambroise, Grégoire le Grand, Augustin.
Giacomo (?) Beltrami (peintre par ailleurs inconnu, mais les peintures sont signées et datées), Sylvestre à la cour de Constantin (droite), Les messagers de Constantin invitent Sylvestre à se rendre chez l’empereur (gauche) (1868)
2D – chapelle de Notre-Dame de la chaîne / Madonna della catena
Plan rectangulaire avec voûte en berceau.
Concédée à M.A. Florenzi.
Giacinto Gimignani (1606-1681, formé par Jacopo Ligozzi, puis dans l’atlier de Pietro da Cortona), Alessandrino adore Marie (1646) avec l’insertion de ND de la chaîne (XIII, école romaine)
Anonyme romain XVI, Cécile (droite), Catherine d’Alexandrie (gauche)
Cesare Nebbia (1536-1614), Naissance de la Vierge (droite) ; Présentation au temple (gauche) ; Pentecôte (voûte, centre), Annonciation (voûte, à gauche) ; Madeleine, Cécile, Agathe, Agnès (sous l’arc).
Transept gauche – chapelle Bandini (1580/5 – Ottaviano Mascherino)
Scipione Pulzone (1544-1598), Assomption (1585). Sur ardoise.
Dominiquin (1581-1641), pinacles : David, Judith, Esther, Salomon (1628)
Alessandro Algardi, dit L’Algarde (1598-1654),Madeleine, Jean (1628)
Francesco Mochi (1580-1654), Joseph, Marthe(c’est une attribution). Une autre Marthe de lui se trouve à l’église Santa Maria della Valle.
Giuliano Finelli (1601-1653), Tombe du cardinal Ottavio Bandini (gauche)
Anonyme (ou Finelli?), Tombe de Pier Antonio Bandini et de sa femme Cassandra (droite)
Presbytère
Les frères Giovanni (mort en 1601) et Cherubino Alberti (1553-1615), voûte décorée d’architectures feintes. Ils ont vu Mantegna. Préfigure les ouvertures célestes baroques. Anges avec palmes et armoiries de Pie V et Clément VIII. Fresques achevées par Matteo Zaccolini et Giuseppe Agellio.
Lazzaro Baldi (1624-1703, élève de Da Cortona), Saint Gaëtan reçoit le lait de Marie (gauche)
Biagio Betti (1535-1615), Dispute de Jésus (droit). Betti, formé par Daniele da Volterra, est devenu frère théatin en 1557. On dit que Clément VIII aimait beaucoup ce tableau.
Chœur
Stalles du XVIIe.
Aux pinacles, les prophètes Isaiah et Jérémie, les 4 évangélistes.
Lunette du fond
G. Agellio et M. Zaccolini, Constantin envoie chercher saint Sylvestre sur le mont Soracte (1602-4).
Anonyme XVIIIe romain, Saint Vincent de Paul
Anonyme XVIIIe romain, Saint Paul (droite), Saint Pierre (gauche)
Mur droit
Anonyme XVIIIe, Sainte Catherine de Sienne
Anonyme XVIIIe, Saint Joseph avec l’Enfant
Anonyme XVIIe, Saint Sébastien
Mur gauche
Anonyme XVIIIe, Saint Bartolomé
Anonyme XVIIIe, Marie-Madeleine
Anonyme XVIIIe, Saint Jean-Baptiste
Sacristie
Stalles de bois et armoires du XVIIe, d’ateliers locaux.
Anonyme XVIe, Adoration des mages
Anonyme XVe (?), Terre cuite Vierge à l’Enfant
Image avec les deux
Cette notice a été réalisée principalement à partir de visites, du livret de T.M. di Blasio, du guide Roma (Touring Club Italiano, 2015).