Schopenhauer | Le Monde comme Volonté et comme Représentation

Arthur Schopenhauer

1788 (Dantzig) – Francfort (1860)

Fils d’un négociant.

Voltairien.

Commence tard ses études universitaires.

Élève de Fichte.

1813 : Devient docteur de l’université d’Iéna dans une lignée kantienne.

1814 : découvre le bouddhisme.

1819 : publie Le Monde comme volonté et comme représentation

n’obtient pas le succès escompté.

Renonce à une carrière universitaire.

Obtient la notoriété quelques années avant sa mort.

1813 – De la quadruple racine du principe de raison suffisante

1819 – Le Monde comme volonté et comme représentation

1841Les Dieux problèmes fondamentaux de l’éthique

édition conjointe de deux mémoire :

– Sur la liberté de la volonté

– Sur le fondement de la morale

1853Parerga et Paralipomena

*

Le Monde comme volonté et comme représentation

(1819)

= pose la question de la vraie nature de la réalité.

Ce que nous appelons « le monde » (ce que nous prenons pour la réalité) n’est qu’une représentation subjective, et finalement une illusion.

La perception et la connaissance ne permettent pas de pénétrer la subjectivité qui recouvre la réalité d’un voile d’illusions, le voile de Maya (figure qu’il emprunte à la philosophie hindoue).

La véritable réalité est celle de la Volonté, aveugle et sans but, une pulsion insatiable qui pousse l’homme à survivre, à objectiver et à réaliser quelque chose.

Kant et Platon sont des références centrales.

Mais S est novateur en ce qu’il a cru trouver une confirmation de sa pensée dans les doctrines religieuses indiennes, ainsi que dans le bouddhisme.

Remèdes :

Les Upanishad (accessibles en latin, traduction d’Antuetil Duperron) (p.234) ; les Veda ; l’ascétisme chrétien.

L’art et la morale de la compassion sont aussi des moyens de s’affranchir du monde fallacieux de la représentation et des domaines où l’homme se distancie de lui-même et de sa volonté.

= pessimisme métaphysique et moral.

Mais ne préconise pas l’impersonnalité : mais pose le problème de la nature propre de l’individu spirituel et reconduit le souci du salut.

« On pourrait qualifier ma doctrine de véritable philosophie chrétienne… Elle est au spinozisme ce que le Nouveau Testament est à l’Ancien. »

A influence Nietzsche et Wittgenstein.

*

Introduction de Richard Roos

VIII – On ne saurait parler de système, car il ne s’agit pas d’un édifice logique, patiemment construit par déductions successives, mais bien d’une vision unique, d’un éclair génial, d’une intuition d’artiste qui satisfait l’esprit d’un coup ou le repousse définitivement.

= on ne réfute pas S, on l’accepte ou on le rejette. Ressemble à l’enseignement d’Epicure.

IX – S continue le criticisme kantien et s’approprie la théorie platonicienne des Idées qui ne sont en définitive que des approximations.

« Le monde que nous percevons, y compris notre corps, n’est que notre représentation et, à ce titre, il est soumis aux formes de l’espace, du temps et de la causalité qui n’existent que dans notre esprit.

Mais en soi le monde est volonté, comme nous le révèle l’expérience immédiate de notre corps, et l’objectivation de cette volonté dans le monde de la représentation n’entraîne que souffrance.

Quand l’homme parvient à percer le voile de Maya, comme dans la contemplation esthétique et surtout la véritable philosophie, il comprend la vanité de son existence et finit par renoncer au vouloir-vivre. Mais comment l’intellect, qui n’est qu’un instrument au service de notre volonté aveugle, peut-il s’affranchir de cette tutelle ? C’est, nous dit S., dans les moments privilégiés où la volonté semble dormir et où l’intuition purement objective et le monde objectif lui-même se traduisent immédiatement en concepts.

(…)

X – Il a été le premier sans doute à analyser avec autant de pénétration le refoulement inconscient des souvenirs désagréables, l’influence déterminante des impressions reçues dans la première enfance et oubliées par la conscience, enfin la puissance prépondérante de l’instinct sexuel.

(…)

Il se donne aussi beaucoup de mal pour démontrer l’identité d’esprit entre son interprétation de l’existence et la doctrine du christianisme primitif. Si les chrétiens consentaient à admettre que leur mythologie n’est qu’une simple allégorie à l’usage du peuple, ils pourraient donner leur adhésion à l’enseignement schopenhaurien et rejoindraient ainsi, en même temps que le véritable pessimisme du Christ, les centaines de millions d’Hindous dont les mythes annoncent eux aussi la métaphysique schopenhaurienne et aboutissent au reniement de la volonté.

(…)

Le pessimisme de S ne concerne pas seulement l’état présent du monde. Il nie toute évolution et tout espoir d’amélioration, car, si le monde visible est variable et soumis au devenir, il n’est que l’objectivité de la chose en soi, éternelle et immuable.

(…)

La seule liberté laissée à l’individu consistait dans sa capacité de vaincre le vouloir-vivre et d’aboutir ainsi au non-être, et pourtant cette doctrine désespérante a toujours fait l’effet d’une consolation sur les lecteurs.

(…)

Il reste pourtant un calmant provisoire (Quietiv) de la souffrance : c’est la contemplation esthétique qui conduit, elle aussi, à percer le voile de Maya, et les belles pages que S a consacrées à l’esthétique n’ont pas été les moins aptes à lui attirer l’adhésion de tant d’écrivains et de musiciens qui trouvaient ici la justification et les lettres de noblesse de leur art.

*

(…) la véritable philosophie, pour Schopenhauer, n’est pas une partie de la totalité humaine, mais concerne l’homme dans son entier.

(…) Selon le mot de Thomas Mann, Schopenhauer est un « humaniste pessimiste ».

(…) En lui s’exprime déjà le nihilisme du siècle, le vide d’un monde sans dieux, ce vide que l’on cherche alors à remplir en substituant aux anciennes certitudes de la foi dans le progrès et les sciences, le culte de l’histoire et du succès, ou, plus banalement, la sécurité matérielle et le confort moral auquel doit contribuer un christianisme modernisé et affadi.

*

Philosophie qui prêche la résignation et l’anéantissement de la volonté.

(…) La philosophie de S s’offrit comme un refuge, une consolation, satisfaisant « le besoin métaphysique » qu’il avait si lumineusement décrit, enseignant le pessimisme héroïque qui permettait d’affronter le bide enfin reconny.

(…)

Il avait d’une certaine mesure provoqué ces malentendus par l’emploi du terme « volonté » qui, pour lui, désignait le seul étant, la chose en soi dont notre volonté n’est qu’une objectivation.

(…) Finalement on tirera du pessimisme volontariste la conclusion opposée, et Nietzsche aboutira à la volonté de puissance (la 3ème Considération intempestive).

*

Après le rejet de tous les grands systèmes qui prétendaient expliquer le monde en lui donnant une signification, cette doctrine offrait une possibilité de vivre dans un monde dépourvu de sens, comme avait pu le faire jadis l’épicurisme.

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Préface de la 1ère édition

p.7 « dans cette existence dont on ne sait si l’on doit rire ou pleurer, il faut bien faire à la plaisanterie sa part. »

Livre Premier :

Le monde comme représentation

(§1-16)

Premier point de vue : la représentation soumise au principe de raison suffisance. L’objet de l’expérience et de la science.

Citation de Rousseau : « Sors de l’enfance, ami, réveille-toi ! »

= un idéalisme transcendantal

La seule donnée immédiate est celle de ma conscience, le monde n’est rien sans elle.

Le monde n’est donc rien d’autre que ma représentation : il n’a de sens qu’en tant que je le perçois.

« Pour chacun de nous, notre mort est la fin du monde. »

Toutefois, la chose en soi kantienne doit être exclue de la métaphysique car l’intuition peut nous donner la connaissance du fond des choses.

Le phénomène n’est qu’apparence. Je suis et, hors de moi, il n’y a rien.

L’objet ne se distingue pas du sujet.

Il faut donc parler de l’ensemble qu’ils composent.

Seule la connaissance intuitive nous permet d’aller au-delà de l’apparence, et de connaître l’essence intime du monde.

La représentation et la connaissance discursive sont soumises à la causalité.

Mes représentations me semblent en effet liées les unes aux autres avec une certaine rigueur.

Les modes de ma représentation sont 4 :

1. les impressions sensibles

2. les concepts

3. les intuitions pures de l’espace et du temps

4. les actes volontaires

Le principe de raison suffisante correspond aux 4 principes gouvernant ces 4 modes de la représentation :

1. aux impressions sensibles correspondle principe du devenir (à savoir la causalité)

2. aux concepts, les lois de l’entendement (la logique)

3. les intuitions pures de l’espace et du temps = principes de l’être (détermination réciproque des parties de l’espace et du temps)

4. les actes volontaires sont sous la dépendance de la loi de motivation : la « causalité vue de l’intérieur ».

=> ainsi le monde est l’ensemble de mes représentations liées par le principe de raison suffisante à quadruple racine :

1 – la nécessité physique ;

2 – la nécessité logique ;

3 – la nécessité mathématique ;

4 – la nécessité morale.

La mise en perspective du monde de mon point de vue, organisée par la pensée conceptuelle qui objective le monde, nous empêche de le saisir en lui-même, dans sa dimension d’absolu.

La connaissance scientifique issue de l’entendement, purement phénoménale, ne peut être qu’au service des besoins tyranniques de la volonté. = C’est une connaissance impure.

*

Livre Deuxième :

Le monde considéré comme volonté

Premier point de vue : L’objectivation de la volonté

(§17-29)

I. La Volonté

= une cosmologie de la volonté

L’expérience interne (intime) du corps nous révèle la réalité même du monde.

L’expérience du désir nous permet de saisir l’être même de l’intérieur, par une réflexivité dont le caractère existentiel rompt avec tout intellectualisme.

Le désir qui est en nous est la manifestation du dynamisme cosmique. Le monde est donc, au-delà de la réprésentation que nous avons, une volonté entièrement libre, irrationnelle.

La Volonté est la réalité absolue, source de toutes les autres réalités et transcendant la causalité.

La Volonté est toujours tendue vers l’acquisition d’une forme qu’elle conquiert (végétal, animal, etc) au détriment de celles qu’elle a déjà posées. Elle est donc en lutte permanent contre elle-même. (les hommes s’entre-tuent…)

II. Le Vouloir-vivre

Le vouloir-vivre est la forme que la Volonté prend chez l’homme.

L’homme est l’animal le plus démuni pour se défendre, tout en ayant les désirs et les besoins les plus nombreux.

Le cerveau humain pallie les insuffisances : c’est une arme « plus redoutable que la griffe du lion. »

Mais le vouloir-vivre est aveugle, tragique, douloureux.

Il est un mouvement permanent, éternel. Sans fin, ni cause, ni raison, ni terme.

Il tend à la reproduction sans fin des individus et des espèces.

Il est absolu dans le sens qu’il ne se rapporte à rien sinon à lui-même,

il est absurde car sans origine et sans signification.

Il est totalité de la nature et l’intériorité de la nature, réalisant l’unité de tous les êtres individuels.

Cette unité profonde est occultée par le principe d’individuation. = vérité tragique

Consolation possible dans l’art, la morale, la mystique : pour contempler la vérité tragique avec sérénité.

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Remarque : avec le troisième livre, on attaque le « second point de vue »

dans le même ordre que le « premier point de vue » : d’abord représentation, puis volonté

Livre Troisième :

Le monde comme représentation

Second point de vue :

la représentation considérée indépendamment du principe de raison.

L’idée platonicienne.

L’objet de l’art.

(§30-52)

= la libération par l’art

L’esprit se trouve en présence de l’Idée à l’état pur dès lors que la volonté, chez un individu, s’efface pour ne laisser que l’intuition, la connaissance désintéressée, non ordonnée aux fins de la volonté.

Cet individu est doué d’une force spirituelle vive, le « génie ».

L’objet de l’art est ce niveau d’objectivation de la volonté que Platon appelait l’Idée, et non pas le phénomène.

« L’objet que l’artiste s’efforce de représenter, dont la connaissance doit précéder et engendrer l’oeuvre… est une idée, au sens platonicien du terme. »

C’est la chose en soi, étrangère à la pluralité, mais qui se laisse représenter par elle : « Ces degrés apparaissent dans les objets particuliers comme leurs formes éternelles, comme leurs prototypes. »

= l’art atteint la connaissance de l’éternité, par l’intermédiaire des Formes éternelles qu’il contemple.

Comme l’esprit, l’art est le Consolateur : il restitue aux hommes, l’espace d’un instant, l’éternité de la Forme pure qui lui est inaccessible.

Le regard de l’artiste est l’oeil du monde : il est affranchi des contingences et il est capable de ne faire qu’un avec l’univers.

= rappelle le niveau de la deuxième hypostase plotinienne : « contemplation pure, ravissement de l’intuition, confusion du sujet et de l’objet, oubli de toute individualité. »

La musique est l’art suprême.

Elle exprime vraiment l’être et l’essence du monde grâce à l’universalité de sa langue.

« La musique est un exercice de métaphysique inconscient dans lequel l’esprit ne sait pas qu’il fait de la philosophie. »

La musique est le seul art qui soit en prise sur le noumène, non représentatif, non figuratif.

L’art constitue le premier degré de la libération : celui qui débouche sur la contemplation.

Mais ne constitue pas encore une éthique et ne remet en cause la Volonté.

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Livre quatrième :

Le monde comme volonté

Second point de vue :

Arrivant à se connaître elle-même, la volonté de vivre s’affirme, puis se nie

(§53-71)

La souffrance est le fond de toute vie. La vie humaine est la plus douloureuse forme de vie.

Du désir qui est manque à l’ennui de la satiété (cf Folantin dans A Vau-l’eau qui cite cette phrase).

Le bonheur est la suspension de la douleur (et non pas plénitude).

Le renoncement permet de dépasser la souffrance constitutive de notre condition. = il faut nier le vouloir-vivre. Il nous faut mourir au désir, extinction qui correspond au nirvana.

Le nirvana n’est pas le néant, mais la négation de la représentation et l’extinction de la volonté.

Le suicide n’est pas non plus une solution, car il est une forme du vouloir-vivre, et ne débouche que sur l’abolition de l’apparence phénoménale de la vie. « Celui qui se donne la mort voudrait vivre ; il n’est mécontent que des conditions dans lesquelles la vie lui est échue. »

= seuls l’ascétisme, l’abstinence, le refus de la procréation peuvent venir à bout du vouloir-vivre en l’homme.

C’est la résignation, que préfigure la compassion, qui s’approche au plus près de l’essence.

La forme suprême de libération est la morale, la morale de compassion.

La morale préceptive est sans valeur, de même que le formalisme kantien.

= les fondements rationnels de la morale sont victimes des mêmes illusions que les sciences : on en reste au niveau du logique sans atteindre l’ontologique.

L’action morale (se soucier d’autrui) requiert une expérience d’identification (« le phénomène quotidien de la pitié. »

Seule la pitié peut rétablir la solidarité entre les individus par la compassion. La vie étant douleur, la participation à la vie d’autrui est participation à sa douleur (c’est la définition de « pitié »).

Justice : l’individu décide de ne pas vivre aux dépens de la vie d’autrui.

Sainteté : négation de la volonté de vivre totale : l’abolition en soi de toute volonté particulière, fusion avec l’universel.

La grâce et la rédemption, catégories chrétiennes fondamentales, sont donc valables

Le suicide n’est pas libérateur.

Ce n’est pas l’âme qui est immortelle, mais la volonté.

Ce que le christianisme appelle « régénération » correspond à une purification, à une suppression du déterminisme en nous.

= Cette catharsis ouvre les portes d’une libération.

Il ne s’agit pas d’en finir avec la vie, ou d’en espérer une autre, mais, par un renversement du rapport entre l’entendement et la volonté, de faire brèche dans l’absurde pour accéder au sens : accéder à une vie autre.

= la grâce correspond à ce changement brusque du rapport intime en l’homme de la connaissance et de la volonté : « subitement et comme par un choc venu du dehors » (p.507) « désormais il dédaigne ce qu’il désirait si ardemment jusque-là ; c’est vraiment un homme nouveau qui se substitue à l’ancien. »

Seule la foi sauve, c’est-à-dire la connaissance intuitive et non pas ce qui a son origine dans une volonté préméditée (les œuvres).

= aussi Saint Augustin et Luther ont eu raison de lutter contre la croyance pélagienne au salut par la seule volonté.

Ce que les mystiques chrétiens appellent grâce efficace et régénération correspond à la seule expérience possible de liberté.

La vie ainsi renouvelée renonce à la théâtralité sociale et à ses jeux de rôles.

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Citations

1

« Le monde est est ma représentation » : « Le grand tort de Kant a été de méconnaître ce principe fondamental »

2

Notre propre corps lui-même est déjà un objet et, par suite, mérite le nom de représentation (…) c’est un objet immédiat. Comme tous les objets d’intuition, il est soumis aux conditions formelles de la pensée, le temps et l’espace, d’où naît la pluralité.

Le monde considéré comme représentation comprend 2 moitiés essentielles, nécessaires et inséparables :

– objet, qui a pour forme espace et temps = pluralité

– sujet, un et indivisible dans chaque être percevant.

Chacune de ces 2 moitiés n’est réelle et intelligible que pour l’autre et par l’autre ; elles existent et cessent d’exister ensemble. Elles se limitent réciproquement : où commence l’objet, le sujet finit. Cette mutuelle limitation apparaît dans le fait que les formes générales essentielles à tout objet (temps, espace et causalité) peuvent se tirer et se déduire entièrement du sujet lui-même, abstraction faite de l’objet ; ce qu’on peut traduire dans la langue de Kant, en disant qu’elles se trouvent a priori dans notre essence.

Le principe de raison = expression générale de toutes ces conditions formelles de l’objet, connues a priori ; que toute connaissance purement a priori se ramène au contenu de ce principe, avec tout ce qu’il implique ; en un mot, qu’en lui est concentrée toute la certitude de notre science a priori.

3

raison = faculté de l’homme à former des notions abstraites (à la différence des animaux).

Ces notions abstraites sont des « représentations abstraites ».

Elles sont différentes des « représentations intuitives » qui comprennent tout le monde visible, ou l’expérience en général, avec les conditions qui la rendent possible.

« Kant, comme nous l’avons dit, a montré (et c’est là une découverte considérable) que le temps et l’espace (…) peuvent être non seulement pensés in abstracto, mais encore saisies immédiatement en elles-mêmes et en l’absence de tout contenu. (…) Cette intuition est indépendante de l’expérience (répétée) et lui fournit ses conditions, plutôt qu’elle n’en reçoit d’elle. Temps et espace représentent les lois de toute expérience possible. »

expérience = loi de justification des jugements.

4

« Si l’on a compris le mode spécial du principe de raison, qui est la loi de causalité et qui régit le contenu des formes précédentes, temps et espace, on aura pénétré l’essence même de la matière considérée comme telle, celle-ci se réduisant toute entière à la causalité. »

p.32 « C’est parce que la matière est active qu’elle remplit l’espace et le temps, et c’est son action sur l’objet immédiat, matériel lui-même, qui engendre la perception, sans laquelle il n’y a pas de matière. »

« Si le temps et l’espace peuvent être connus par intuition chacun en soi et indépendamment de la matière, celle-ci ne saurait en revanche être aperçue sans eux. »

p.33 « C’est la causalité qui forme le lien entre le temps et l’espace. Or nous avons vu que toute l’essence de la matière consiste dans l’activité, aturement dit dans la causalité ; il en résulte que l’espace et le temps se trouvent ainsi coexister dans la matière. »

p.34 « L’action supprimée, la matière l’est du même coup. »

p.62 « L’antique erreur fondamentale de la métaphysique : la supposition d’un rapport de cause à effet entre l’objet et le sujet, et le principe de raison comme autorité absolue. »