Didi-Huberman | La ressemblance informe

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Georges Didi-Huberman, La Ressemblance informe ou le gai savoir visuel selon Georges Bataille (1995)

Etude de Documents (1929-1930)

= s’y lit la radicalité de Bataille dans sa volonté de dépasser les fondements de l’esthétique classique.

= élaboration de notions devenues célèbres (« l’informe »)

= manipulation pratique d’images en même temps qu’il pense cette manipulation.

Bataille cherche la « ressemblance déchirante », ce qui crée la dissemblance.

=> esthétique paradoxale : déplacement des problèmes :

– du « goût » vers ceux du désir,

– de la « beauté » vers ce de l’intensité

– de la « forme » vers l’informe.

= analyse de DH selon 2 plans :

– le vocabulaire théorique de B

– les procédures visuelles de la « figure humaine »

=> regroupés sous le problème général de la « ressemblance » (anthropologique et esthétique)

Chez Bataille, il y a la conjonction entre :

– une pensée transgressive et une pensée déjà structurale

– les avant-gardes artistiques et les sciences humaines.

=> d’où la notion de gai savoir visuel, généreux.

3 parties (les sous-parties ne sont pas numérotées) :

I. Thèse : ressemblance et conformité. Comment déchire-t-on la ressemblance ? (6 ss-parties)

II. Antithèse : les « formes concrètes de la disproportion », ou la décomposition de l’anthropomorphisme (14 sous-parties)

III. Symptôme : le « développement dialectique de faits aussi concrets que les formes visibles… » (10 sous-parties)

Deux penseurs : Nietzsche et Hegel

La notion de « gai savoir » fait référence à Nietzsche (souvent convoqué par Bataille),

mais autant la composition de l’essai que le contenu (surtout de la dernière partie) convoque Hegel

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I. Thèse : ressemblance et conformité. Comment déchire-t-on la ressemblance ?

1. Le double régime de l’image.

2. Documents visuels du gai savoir.

3. L’anthropologie des formes.

4. Comment transgresse-t-on la forme ?

5. La thèse thomiste face à l’antithèse bataillienne.

6. Question de ressemblance : question de contact.

Partie générale consacrée à la question de la forme (/informe) et de la « ressemblance »

= relie la pensée bataille à l’histoire des idées (recontextualisation), notamment au thomisme (Bataille est passé par l’Ecole des Chartes, il est donc un bon connaisseur du Moyen Âge)

1. Le double régime de l’image

Sur l’expérience (« faire l’expérience » de la déchirure) = dimension concrète de l’entreprise bataillienne.

Distinction entre expérience subie (point de vue phénoménologique) et expérience œuvrée (« c’est-à-dire construite au moyen de procédés efficaces », point d vue formel, voire structural).

Iconographie au caractère « obstinément et systématiquement renversé, renversant – négateur, ignoble, paradoxal, sinistre, sexuel… ».

=> expérience suppliciante de ce type d’images.

= contre le caractère centrifuge des images, une mobilité.

Contre le « moment suppliciant » de l’image définitive, un « moment enjoué », le gai savoir de l’image car image labile, nouvelle (même si angoissante).

2. Documents visuels du gai savoir

Revue Documents financée par Georges Wildenstein (il finance aussi la Gazette des ba)

Figurent au 2ème numéro les noms d’Erwin Panofsky, Fritz Sawl, Pietro Toesca – qui ne donnèrent jamais de texte.

= Documents est le moment de la « besogne des images », c’est-à-dire de mettre à l’épreuve la notion de ressemblance.

« usage critique de la valeur d’usage »

3. L’anthropologie des formes

= remise en cause des « pouvoirs séculaires de l’idée » :

→Michel Leiris écrit : une « philosophie agressivement anti-idéaliste. »1

→Denis Hollier : une « revue agressivement réaliste ».

Revue pas seulement de « beaux-arts » (comme le voulait Wildenstein), mais « ethnologique »

=> réflexion « épistémo-critique » (mot de W.Benjamin).

Prend en compte Durkheim et Mauss.

Œuvres traditionnelles + œuvres contemporaines

=> cela en fait une « publication Janus » (Leiris)

4. Comment transgresse-t-on la forme ?

La transgression, chez Bataille, est d’abord transgression de la forme. => article « Informe »

Michel Foucault : « Préface à la transgression », Critique, XIX, 1963, n°195-6. (« La limite et la transgression se doivent l’une à l’autre la densité de leur être »)

Dans « informe », il y a des « ressemblances transgressives » plutôt que des dissemblances.

= B « déclasse » : il est plus transgressif que le monde ressemblât à quelque chose d’ignoble plutôt qu’il ne ressemblât à rien.

DH parle, en paraphrasant Artaud, de « cruauté dans les ressemblances ».

Cite Rosalind Krauss qui utilise Bataille dans son travail sur la photographie : l’informe n’est pas le contraire de la forme, mais un un bouleversement à partir d’une forme grâce à des « processus ».

=> pour produire des « ressemblances déchirantes ».

5. La thèse thomiste face à l’antithèse bataillienne

Généalogie de l’informe chez Bataille, à partir de l’article « Figure humaine ».

Il cite le thomisme. Pour lui, il ramasse la métaphysique occidentale, d’Aristote à Hegel.

Thomisme : « vulgaire voracité intellectuelle » (Bataille)

Saint-Thomas d’Aquin, dans la Somme théologique : « La ressemblance se comprend selon la convenance dans la forme, et c’est pourquoi la ressemblance est multiple. »

(Angélique (le pseudo utilisé pour Mme Edwarda) est « thomiste »)

StTh articule toujours sur l’évidence de ses définitions un degré immédiatement construit de complexité métaphysique.

= suit une analyse par DH de la ressemblance comme hiérarchie et interdit :

– la ressemblance a une structure de mythe ;

– la ressemblance a une structure de tabou.

=> d’où privilégier la dissemblance.

6. Question de ressemblance : question de contact.

En revendiquant la « ressemblance informe », Bataille aura commencé à défaire cette construction mythique de a ressemblance.

= renversement de la hiérarchie modèle/copie, haut/bas

= refus de toute mythologie de l’origine comme à toute espérance finale

= brise le tabou du toucher : et c’est par le toucher qu’il casse la ressemblance (vue).

Il faut toucher au plus profond.

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II. Antithèse : les « formes concrètes de la disproportion », ou la décomposition de l’anthropomorphisme

Aborde l’antithèse, et donc l’hégélianisme bataillien (en référence à Derrida).

Procédés utilisés contre l’idéalité de la « Figure humaine ». Les processus sont dialectiques (on maltraite un donné, qu’on reconstruit/aborde/voit/connaît autrement).

1. Déchirer, faire se toucher.

2. La question de la figure humaine.

3. La dérision de l’anthropomorphisme.

4. La disproportion de l’anthropomorphisme.

5. Le démenti de l’anthropomorphisme.

6. La découpe dans l’anthropomorphisme.

7. La phobie touchée au vif.

8. La spatialité atteinte et transformée.

9. La dévoration de l’anthropomorphisme.

10. La massification de l’anthropomorphisme.

11. L’excès et le défaut de chair.

12. L’écorchement de l’anthropomorphisme.

13. L’écrasement de l’anthropomorphisme.

14. Le désastre de l’anthropomorphisme.

1. Déchirer, faire se toucher.

Antithèses et paradoxismes (qui viennent de la rhétorique classique) chez Bataille.

Importance de l’antithèse chez Bataille, jusque dans la construction de ses récits.

Antithèse comme figure rhétorique : sublime et souillure, « immonde et éclatant » (« Le langage des fleurs »)

L’antithèse sans réserve : Derrida.

[Remarques de DH sur le mot « sacer » : « sacré » et « maudit »]

Par l’antithèse adjectivale, B nous met sur la voie d’une paradoxalité où se situent tous les objets qu’ils convoquent => c’est déchirer la forme. « Il faut faire se toucher des concepts, des mots que la convenance tient justement pour contradictoires ou inaccessibles. » = ainsi on ouvre des concepts.

2. La question de la figure humaine

= ce qui est vrai aussi des aspects, domaine de l’image.

Sur le texte « Figure humaine ».

Anthropomorphisme : anthropocentrisme de la forme. Idéalisation de la figure humaine, que nie Bataille. [Attention, la définition usuelle est : prêter forme humaine à ce qui ne l’est pas.]

La principale forme visuelle de cette substantialité (des concepts, des mots, des aspects) n’est autre que l’anthropomorphisme.

=> transgresser les formes, ce sera d’abord transgresser les formes séculaires de l’anthropomorphisme.

Contre cela, il faut privilégier les relations sur les termes.

Connaissance « pathique » : par le choc, la surprise produite par la relation).

=> c’est « l’insubordination des faits matériels » qui est capable de choquer, de transformer la pensée.

= la transgression est un gai savoir visuel et la déchirure une heuristique des rapports visuels.

3. La dérision de l’anthropomorphisme

L’article « Figure humaine » organise tout un contrepoint iconographique comme une vaste dérision des convenances anthropomorphes.

Analyse des images utilisées dans l’article.

= les « formes concrètes de la disproportion » ressortissent toujours à un problème de spatialité atteinte, de spatialité transformée ou inquiétée (par des dispositifs de montage, de cadrage, de juxtaposition, etc.)

4. La disproportion de l’anthropomorphisme

Développement de l’idée précédente. Analyse de l’image du « Gros orteil ».

= images disproportionnées

=> opposition entre l’harmonique loi d’une « proportion » entre le détail et le tout.

Référence à l’ombilic du fameux rêve freudien de « l’injection d’Irma » (Lacan, Le Séminaire II).

5. Le démenti de l’anthropomorphisme

Le document (qui est vision de réel et pas de rêve) cherche un symptôme capable de briser l’écran de la représentation.

La construction du document doit permettre cette valeur de symptôme.

B oppose la violence du désir à la convenance du goût (il défie « n’importe quel amateur de peinture d’aimer une toile autant qu’un fétichiste aime une chaussure », in « L’esprit moderne et le jeu des transpositions »).

Critique de Bataille de la « chiourme architecturale » (la « physionomie officielle » de l’architecture classique) Dans l’article « Architecture ».

Dialectique : l’anthropomorphisme est un moyen de critiquer l’anthropomorphisme…

6. La découpe dans l’anthropomorphisme

B a fait surgir la disproportion de l’organique et de l’architectural.

Analyse d’articles (« Musées », « Abattoir », « Kâli », etc.)

7. La phobie touchée au vif

Le film de Bunuel et Dali (séquence de l’oeil)

8. La spatialité atteinte et transformée

L’expression « semblable à… »

Reprend l’oeil immense de Grandville qui juge. (« l’oeil vorace »)

= leçon phénoménologique capable de donner à la loi morale, à la phobie ou au tabou une expression sensorielle (voire affective) et une spatialité propres.

=> forme spatiale de l’expérience (« spatialité atteinte », cad spatialité familière)

Article « Espace ». = critique de Kant.

Absence de construction totalisante des documents.

Les ressemblances se construisent dans la violence de 4 procédures concomitantes :

– l’écroulement des limites

– l’inversion des genres (homme-animal, Blanc-Africain, masculin-féminin)

le travestissement

– la prédation

=> approche pathétique du paradoxe : angoissant, jovial, identificatoire, ironique.

= procédures de ruptures

L’espace n’est pas une condition transcendantale de la sensibilité (Kant), mais un processus morphogénétique d’être dedans.

9. La dévoration de l’anthropomorphisme

Incorporation du semblable (image du poisson).

D’abord, l’humain : image de la bouche.

=> remise en cause de l’humanité se définissant selon la hiérarchie d’un modèle divin (la somme de StTh) et doit désormais s’expérimenter dans un jeu de confrontations violentes avec l’altérité en général.

10. La massification de l’anthropomorphisme

Intérêt de B pour les images où se lisent la décomposition de l’anthropomorphisme.

[D’où son intérêt pour Klee, Miro, etc.]

La figure humaine se trouve décomposée par massification.

=> cette décomposition refuse à la figure humaine son privilège ontologique.

11. L’excès et le défaut de chair

Sur les contrastes des images de Documents.

12. L’écorchement de l’anthropomorphisme

Prédilection pour les symbolismes peu orthodoxes.

Aussi par la juxtaposition des images.

Prédilection pour la « cruauté enjouée », voire « heureuse » (cf iconographie du rituel aztèque).

Michel Leiris aborde aussi ces thématiques.

« Entre savoir de la violence et violence du savoir, la rédaction de Documents poussait aussi loin que possible sa quête des limites où la « Figure humain » devait rencontrer tout à la fois sa vérité et sa décomposition : son démenti athéologique ».

13. L’écrasement de l’anthropomorphisme

A partir de l’iconographie aztèque, réflexions sur le mot « informe »

informe = le pouvoir qu’ont les formes de se déformer elles-mêmes.

= on touche aux paradoxes de la ressemblance de la figure humaine : le visage visible et le visage caché (ou l’autre du visage).

Ce visage caché est aussi le sexe de la femme (cf L’Alleluiah, OE complètes, V, p.395)

= nature dialectique du processus de l’informe : excès des formes, excès dans les formes.

L’informe, c’est l’altérité. C’est aussi l’écrasement (la mise en contact désagrégeante, ouverture, écartèlement, écartement).

Exemples contemporains avec Arp, Miro : « excès de ressemblance » fonctionne comme une « décomposition ». Disparitions, irruptions.

= le visage défiguré se métamorphose en lieu, comme si l’écrasement devait être défini comme le devenir-lieu de la « Figure humaine », du visage en particulier.

14. Le désastre de l’anthropomorphisme

Signification paradigmatique du mot « désastre » dans Documents : accident souverain (symptôme) qui atteinte et révèle, qui dément avec violence la « Figure humaine » dans sa position d’idéalité.

[les formes du désastre seront reprises par Blanchot, L’Ecriture du désastre.]

Sur les images bibliques (Saint-Sever), puis contemporaines (ou proches : 1870-1).

Puis le sacrilège (le crachat – article de Leiris).

Mise en mouvement des images.

Conclusion => l’informe procède surtout d’une mise en mouvement de notre propre désir de regarder face à face ce qui décompose la – notre – « Figure humaine ». Une mise en mouvement de notre désir de regarder en face, au moins accidentellement, et dans une proximité si forte qu’elle confine au toucher, notre propre deuil de la « Figure humaine ».

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III. Symptôme : le « développement dialectique de faits aussi concrets que les formes visibles… »

Cette troisième partie occupe la moitié de l’ouvrage.

1. La métamorphose des formes.

2. Le va-et-vient des formes.

3. La répercussion des formes.

4. Une dialectique « hérétique », ou comment émettre l’hypothèse.

5. Une dialectique « négative » ou comment ouvrir la philosophie.

6. Une dialectique « régressive », ou comment voir naître une image.

7. Une dialectique « altérante », ou comment débuter en art.

8. Une dialectique « enchevêtrée », ou comment mettre les écarts en contact.

9. Une dialectique « concrète », ou comment rendre les formes intenses.

10. Une dialectique « extatique », ou comment incarner désir et cruauté.

1. La métamorphose des formes

« Le deuil de la « Figure humaine » ne saurait être qu’un interminable, un incurable processus : nul ne sait résoudre le deuil de la « Figure humaine », se résoudre à sa perte, et Bataille, pas plus qu’un autre, n’a voulu ni cru en finir avec elle. »

= sa perte est donc un symptôme.

= il n’y a donc pas de dernier stade de l’informe.

Il y a un caractère limité de la décomposition pour Bataille (il faut que ça ressemble, que ça marque la dissemblance avec quelque chose).

Mais B s’arrête-t-il à cette antithèse ? Ne fournit-il pas un troisième moment dialectique, la synthèse ?

Pensée heuristique qui ne cherche jamais l’axiomatique.

DH analyse ici la notion de métamorphose : le devenir-quelque-chose (chose, dieu, etc).

2. Le va-et-vient des formes

métamorphose = « engendrement matériel de formes antithétiques »

un incessant « va-et-vient » (« de l’ordure à l’idéal et de l’idéal à l’ordure », « Le gros orteil »).

3. La répercussion des formes

Le mot répercussion : qui apparaît dans l’article sur Picasso.

= mot qui relève encore d’une « étrange dialectique » : le mouvement des formes entraîne une dislocation des formes.

Évocation de l’attaque de Breton contre B dans Manifeste du surréalisme de 1930 (qui réagit contre l’attaque voilée de Bataille dans « Figure humaine » qui parle de « soif sordide de toutes les intégrités » dans laquelle Breton s’est sûrement reconnu).

Bataille oppose une pensée transsubstantielle à la substance. Le terme est ironique, il renvoie à la position théorique de l’informe : il récuse que « chaque chose ait sa forme ».

Dans la « déformation » décisive, la relation hiérarchique entre modèle et copie s’inverse pour devenir celle d’une « dissemblance agie », le registre « agité » de l’informe, qui doit alors se comprendre comme une dépense de forme.

=> L’informe est une question de dépense.

4. Une dialectique « hérétique », ou comment émettre l’hypothèse

L’entrée de l’informe répond à 3 exigences théoriques fondamentales :

– les déterminations contradictoires ou les « divergences de formes »

– la reconnaissance d’une mise en mouvement de ces « déterminations contradictoires » (qui conditionne l’antistatisme et l’antisubstantialisme des formes pour B)

– la « conséquence décisive » : ce quelque chose qui s’ouvre dans la mise en mouvement des déterminations contradictoires, ce par quoi les formes prolifèrent et nous atteignent.

=> l’informe sert à « déclasser »

=> il s’agit d’une dialectique : contradiction, mise en mouvement, altération.

Breton reprochait à B son attitude « antidialectique » : sa violence conceptuelle ressemble à un refus caractérisé de toute méthode dialectique.

La Vulgate bataillienne a repris trop inconsidérément le motif du refus de toute dialectique (Arnaud et Excoffon-Lafargue, qu’on ne lit plus… « Il n’y a pas chez B de dialectique ou dualisme », Bataille, 1978).

Or, il y a une valeur d’usage de la dialectique chez Bataille, qui n’est pas seulement hégélien.

Bataille, en 1932, signe avec Queneau un article : « La critique des fondements de la dialectique hégélienne ».

Le cours de Kojève aura lieu à partir de 1933.

Mais, dès 1929, critique du caractère « logique » et « abstrait » de la dialectique hégélienne : « Il est trop facile de réduire l’antinomie abstraite du moi et du non-moi, la dialectique hégélienne ayant été imaginée tot exprès pour opérer ces escamotages. », in « Figure humaine »)

La valeur d’usage de la dialectique n’est pas axiomatique chez Bataille, elle est heuristique.

=> cette expérience donne lieu à un détournement du mot « dialectique »

Proche de la définition du Littré : « dans l’ancienne philosophie, une argumentation vivante et dialoguée » qui va jusqu’à la diatribe, usage qui passe pour avoir été inventée par Zélon d’Elée (dont B fait l’éloge dans « La mutilation sacrificielle et l’oreille coupée de Van G »)

=> mot de la révolte.

Sur les rapports de Leiris et Bataille. Amitié, accords et désaccords (sur le matérialisme manichéen de Bataille, sa « mystique de l’ascension », son dualisme).

Bataille récuse non seulement Dieu, la religion et les « philosophies mystiques », mais aussi le matérialisme ontologique (=la postulation d’une matière comme « substance ») qui lui paraît procéder d’un idéalisme non dialectisé, c’est-à-dire non hégélien.

=> il ne s’agit pas pour B d’être « matérialiste » en jouant la matière contre la forme, mais de tenir la position instable consistant à reconnaître l’intraitable dialectique de leur rapport, de leur inséparation contradictoire, contact et contrastes mêlés : remise en question devant chaque matière, forme, document.

= idéaliser la matière, c’est réduire sa puissance de démenti face aux idées que les hommes tentent de se faire d’eux-mêmes et du monde.

= B ne cherche ni à vaincre les obstacles ni à résoudre les contradictions : il cherche à les maintenir (en tant que « manichéen ») vivaces dans leur propre mise en mouvement : ce qui peut démentir la réalité en chaque document et la rendre démente, proliférante, protéiforme, active, créatrice.

=> c’est une dialectique

5. Une dialectique « négative » ou comment ouvrir la philosophie

Débat éternel : B hégélien ou non ?

Rapports qui relèvent de la tension, de la discussion.

Hegel n’était pas « académique » à l’époque de Bataille (il le devient aussi grâce à lui dans les 30s)

Il marque la modernité et a été adopté en bloc par les Surréalistes, avant d’être renié tout aussi brutalement.

Queneau parle de « l’anti-hégélianisme dialectique » esquissé plutôt que conceptuellement élaboré de Bataille dans « Le bas matérialisme » et « Les écarts de la nature » (« Premières confrontations avec Hegel », Critique, n°195-6, 1963).

Usage de Hegel plutôt qu’exégèse interne du système hégélien.

=> art de la négation et du dépassement à l’oeuvre dans Documents pendant 2 ans.

Dans « Figure humaine », B s’attaque à 2 idéalismes :

– l’idéalisme hiérarchique du thomisme (version théologique) et bourgeoise (version laïque) ;

– l’idéalisme de la dialectique hégélienne en tant qu’« expression abstraite » des « formes concrètes de la disproportion » (de la ressemblance cruelle / de la dissemblance). Opération typiquement idéaliste d’« escamotage ».

=> Mais il trahit la pensée de Hegel sur 2 points :

– Hegel critique les « déterminations abstraites » qui doivent justement être toujours destinées à subir l’épreuve dialectique de leur dépassement2 ;

– B feint de croire (ou croit) que la dialectique hégélienne n’est qu’une méthode « abstraite », alors que « la Dialectique est chez lui tout autre chose qu’une méthode de pensée ou d’exposé. Et on peut même dire qu’en un certain sens Hegel a été le premier à avoir abandonné la Dialectique en tant que méthode philosophique. » (Kojève, p.455).

Pour Hegel, système et mouvement vont de pair : la vérité relève d’une structure dynamique et réelle de passage (aufheben : « passage en tant que vérité » selon Nancy, traditionnellement traduit par « dépassement »). Ce n’est pas une « redingote mathématique ». => le savoir hégélien n’est pas figé, ne peut pas être « possédé », il apparaît comme un processus de « dissolution », une « dissolution patiente de la pensée habituelle et de ses significations défectueuses» (Gérard Lebrun, La Patience du concept ; il récuse, comme Althusser, la réduction de l’hégélianisme à un « mysticisme spéculatif »).

Ailleurs Hegel écrit : « Je nomme dialectique le principe moteur du Concept en tant que non seulement il résout les particularisations de l’universel, mais les produit. » (Principes de la philosophie du droit)

Mais évolution de Bataille par rapport à Hegel entre « Figure humaine » et « Le bas matérialisme », puis « Les écarts de la nature » où le « paradoxe sénile » et abstrait de l’identité des contraires laisse place à de passionnantes et « monstrueuses cosmogonies dualistes »…

+ nouvelle vertu théorique essentielle : non plus « escamotage » visant à réduire les écarts, mais la reconnaissance des écarts comme tels grâce à une « dialectique des formes » (« Les écarts de la nature »).

=> Forme dialectique que celle qui attribue à la nature la « responsabilité » structurale de ce qui surgit en elle comme contre nature. => la théorie bataillienne de l’écart est donc une théorie dialectique.

Bataille reconnaît une mise en mouvement du négatif : loin d’être une abstraction, la négativité est « acte immanent » à toute chose, toute représentation, action, notion, qui permet le « dépassement ».

C’est en partant du principe hégélien selon lequel « l’Action est Négativité et la Négativité, Action » que Bataille donne sa version de la souveraineté (« Hegel, l’homme et l’histoire », 1956, OC XII), développe la notion d’une « Action négative ou créatrice » jusqu’au sacrifice , action libre de déployer cette « plus grande force » que serait la capacité à « maintenir l’oeuvre de la mort ».

Cette « œuvre de la mort » reconnue par Bataille, après Hegel, comme « acte immanent » de toute chose, de toute représentation, de toute action, de toute notion.

Convergence de motifs entre Bataille et Hegel :

– la pensée dialectique n’est pas une « abstraction » mais un « dépassement » de l’antinomie entre connaissance abstraite et expérience sensible (l’antinomie du formalisme abstrait et de l’« hétérologie de l’expérience », selon l’expression de Jean Hyppolite dans Logique et existence) ;

– l’exigence hégélienne à propos du concept où il devient inutile de vouloir repérer une filiation classique, à partir de l’idée platonicienne ou de la forme aristotélicienne (Gérard Lebrun avance même l’hypothèse que la tension hégélienne vers « le savoir absolu » n’est autre qu’une patiente subversion de toutes les opérations habituelles du savoir) ;

– les relations sur les termes et les processus sur les stases ;

– l’engagement hégélien devant le multiple qui vient de la parole de Zénon citée dans le Parménide : « Si les êtres sont multiples, ils ne peuvent manquer d’être à la fois semblables et dissemblables, ce qui est impossible, vu que les dissemblables ne peuvent être semblables, ni les semblables dissemblables. » Contre la solution classique (à savoir que 2 choses peuvent être semblables sous un certain rapport, et dissemblables sous un autre), Hegel a tenté de penser comme processus dialectique cet « impossible » même, ce battement du semblable et du dissemblable, dont le moteur (gond, cheville) est le « travail prodigieux du négatif » ;

– le travail du négatif n’a pas de résultat, comme le suggère Hegel dans un passage de sa préface à la Phénoménologie sur le « délire bachique ». Ce qu’a vu Derrida : « une dépense si irréversible, une négativité si radicatle – il faut dire ici sans réserve – qu’on ne peut même plus les déterminer en négativité dans un procès ou un système. »

=> Bataille fait alors le choix du « non philosophique » (cf Le Coupable, p.239-40). Mais ce n’est pas pour autant un sacrifice infini, un excès à tout va : le sans réserve n’est pas le sans processus, ce n’est pas un « iconographisme » (comme on le dit souvent pour Bataille) : il y a une dialectique des formes qui fait naître des « images ».

6. Une dialectique « régressive », ou comment voir naître une image

La « dialectique des formes » apparaît dans « Les écarts de la nature » : incongruité, agression, malaise, effet comique, « séduction », écart. C’est ce qui est recherché dans Documents. DH en analyse chaque aspect.

=> en conclut que la « dialectique » bataillienne refuse toute « signification transfigurée » = il récuse la « transposition » (p.240).

Contrairement à Hegel, il ne veut pas laisser les choses « loin derrière soi », mais au contraire s’en rapprocher : il accepte, il recherche le danger. C’est en quoi il n’est pas philosophique.

Il veut trouver une image. => un contact de la pensée avec l’image.

La dialectique des formes aura succombé à la « séduction », aura introduit le malaise dans la représentation philosophique.

Elle accorde une dimension théorique et une valeur de connaissance à la mise en rapports d’images, alors qu’un hégélien situerait cette mise en rapport à un niveau de « pré-compréhension ».

=> d’où Queneau qui qualifie l’entreprise bataillienne comme un « anti-hégélianisme dialectique ».

p.242 : sur l’enfant, l’enfantin. => « régression » / « transgression »

régression

1. déclasser.

2. « volonté de retourner « voir naître l’image d’une façon concrète » » (p.246).

3. colère => « esthésique » contre « esthétique » : il faut maintenir présents tous les moments du processus

= analyse des rapports avec la « régression » freudienne dans L’Interprétation des rêves (1900).

a. La régression y est une mise en crise de la connaissance en même temps qu’un « mode de connaissance de l’enfance oubliée ».

b. Mais aussi mise en crise de la représentation en même temps que l’affirmation d’un pouvoir de visualité qui traduit l’aspect « attractif » de la structure.

c. mise en crise des élaborations symboliques (ce que Bataille appelle les « architectures » de l’idée) en même temps qu’une dynamique de la construction d’une situation spécifique (pour Bataille, le « montage figuratif ».

=> C’est dans ces montages figuratifs que s’impose l’étrangeté du « gai savoir » visuel : la violence du démenti et l’attractionvisuelle généralisée = ce qui est une construction…

7. Une dialectique « altérante », ou comment débuter en art

Il s’agit donc, aussi, de « construire ».

Bataille s’intéresse alors à l’art primitif (25 ans avant Lascaux).

Or, ce qu’il découvre, c’est que l’enfance de l’art est déjà dialectique (p.260) : dépasser le « réalisme intellectuel » (normes) par un « réalisme visuel » considéré comme finalité de toute figuration.

=> le mot « altération » : analyse (p.262).

La dialectique des formes commence par une altération du subjectile (c’est-à-dire du support) qui induit une dialectique de la trace : la « présence réelle » du sujet s’affirme dans l’objet comme une négation souveraine, une destruction ou un démenti que la trace a précisément pour fonction de « relever » (= la représentation affirme le sujet en affirmant aussi son absence) : maintient l’objet en l’altérant (et non pas en le néantisant). C’est l’altération du sujet qui prolonge l’altération du subjectile.

=> la dialectique développe un modèle structural et dynamique du jeu des formes.

= Tout cela est proche de l’image dialectique de Walter Benjamin.

8. Une dialectique « enchevêtrée », ou comment mettre les écarts en contact

Sur « l’écart des formes ».

Sur une position « radicalement matérialiste » qui ne cherche pas à se faire de la matière une idée (p.271). D’où l’absence de références à Engels (mais pas d’édition de la Dialectique de la nature) ou à Lénine (les Cahiers publiés en 1929-30). = Bataille cherche les formes concrètes.

Matière, pour Bataille = non pas morte, stable, mais en mouvement (mouvement « voyou »).

La dialectique de Bataille est convoquée comme matérialiste parce qu’elle vise heuristiquement plutôt qu’axiomatiquement une morphologie concrète et différentielle, à chaque fois remise en question (p.272).

= Ce n’est ni l’amour de la dialectique (côté méthode) ni la revendication de matérialisme (côté révolution) qui suscitent l’attention aux formes : c’est l’attention aux formes (le gai savoir visuel) qui exigent le reste.

9. Une dialectique « concrète », ou comment rendre les formes intenses

Pour ne pas seulement nier, mais construire, Bataille met en place des « montages figuratifs ».

Exemples. Puis les rapports avec Eisenstein. = le montage est un « régime dialectique » [à noter que DH reviendra sur ces « dyspositifs » dans son livre sur Brecht et son Journal de guerre.]

La dialectique s’énonce donc, non pas thèse-antithèse-synthèse, mais thèse-antithèse-symptôme (une décomposition plutôt qu’un dépassement : le zerfallen deNietzsche plutôt que l’aufheben de Hegel). => y revient dans la sous-partie « 11 »

10. Une dialectique « extatique », ou comment incarner désir et cruauté

Encore sur Eisenstein. La pratique du montage qui est une « hétérologie » de l’image.

=> cherchent l’irritation et la séduction.

[p.309 sur le projet d’Eisenstein d’adapter Le Capital en rendant hommage à l’Ulysse de Joyce (écriture faite d’associations intellectuelles et sensorielles mêlées)]

=> Cherchant l’impossible du figurable : intraduisible, irreprésentable au moyen d’une image qui lui serait « convenante » ou le résumerait. => présenter l’irreprésentable.

=> on touche à l’extase. Dans L’expérience intérieure, B décrit l’extase du sujet « face à l’impossible ». Sujet embrasé, fondu hors de soi, dans la « décomposition », la « supplication »..

4ème aspect dialectique. Cela vient, pour DH, du « désir » : le jeu des formes procède d’une dialectique du désir (p.318). [peu clair : rapport à Freud encore.]

5ème aspect dialectique La constitution de l’image, chez E et chez B, revêt un cinquième aspect : extase du crime et extase de la beauté, hors-de-soi de la séduction et hors-de-soi de l’horreur : une dialectique de la cruauté. (p.320)

Longue digression sur Eisenstein.

11. Une dialectique « symptomale », ou comment toucher au plus bas

Retour sur le processus thèse-antithèse-symptôme (qui décrit le processus de l’informe).

Note 2 : contre la dialectique orthodoxe : Foucault (L’ordre du discours), Deleuze (Pourparlers), Nancy (Le Sens du monde). [DH semble ignorer le livre d’Adorno, La Dialectique négative.]

Sur l’usage du mot « symptôme » dans la sphère esthétique.

Le symptôme renvoie à la maladie, à l’écart, à la crise, à l’excès. Le terme apparaît dans « Le cheval académique » (premier article de B dans Documents) : qualitfie presque ontologiquement cette configuration spécifique des rapports entre les formes (que nous nommons « style ») (p.335)

Définition du style : Le style, pour B, doit être tenu non pas pour une affaire d’élégance, mais pour « le symptôme d’un état de choses essentiel », une « chose de l’être » visuellement manifestée dans la mise en catastrophe d’une « succession d’images violentes » nommée dislocation ou altération de la « figure humaine ».

Dire symptôme, c’est dire d’abord l’impossibilité de la synthèse dans le processus dialectique. = B envisage le symptôme comme un passage obligé (l’insolite obligé, l’anormal obligé) de toute « communication », de toute relation, de toute forme donnée.

Or, le simple incident devient une nécessité ou une souveraineté : la souveraineté du symptomal.

Exemple de l’article « Bouche » où la dialectique est privée de synthèse. Thèse : éloge de la bouche sauvage ; antithèse : chez le civilisé, la bouche s’est réduite ; 3ème moment : aucune élévation ou réconciliation. La « vocifération » se fait par la bouche qui retrouve l’animalité. C’est le symptôme : la vérité de la « figure humaine » s’ouvre dans le symptôme (p.338).

Les formes du symptomal :

– au sens classique (Van Gogh, etc.)

– les formes naturelles (les racines ignobles, les salissures du pollen, etc : les fantasmes sur la nature, la tératologie) ;

– la forme spatiale : l’espace à éprouver ;

– les formes culturelles (malaises de la civilisation)

=> esthétique du démenti de toute consolation esthétique.

Il y a un travail du symptôme dans le jeu des formes : Documents le met en lumière.

La dimension ontologique vient de ce que le symptôme qu’exige B n’est pas réductible au symptôme d’une maladie, mais qui ruine et déchire en tant même que symptôme d’être, vie symptomale de l’être, « état de choses essentiel » (« Le cheval académique »).

=> La tâche essentielle d’une dialectique des formes serait de rendre malades les formes, car la tâche essentielle d’un art est de « communiquer » ou de « répercuter » la maladie, le malaise, le mal d’être.

Cette maladie, c’est être coupable. Cf Le Coupable (1944) : « ce qu’on aime vraiment, on l’aime surtout dans la honte. » (« L’esprit moderne et le jeu des transpositions »). Mais le mot coupable doit se lire aussi par rapport à son suffixe -able : « coupe -able », ce qui peut être coupé (sens physique et processuel). Psychique (la culpabilité) et organique (la coupure) sont indissociables.

=> c’est pourquoi la figure humaine, loin d’être détruite ou niée, se voit livrée au travail dialectique de l’inachèvement mis en figures.

Dans L’Expérience intérieure, cet état d’être est nommée « angoisse ».

=> c’est lié au travail de l’inachèvement.

Enfin, le symptôme est la souveraineté de l’accident (cf le livre de DH, Devant l’image).

Sur le Parménide et l’extravagance qui a tourmenté Socrate à propos de l’Idée de l’Homme qui devait comprendre ou non le poil, la crasse, etc.

à l’inverse de l’anamnèse platonicienne, c’est bien l’accidentel qui est l’essentiel pour B.(p.351)

=> ontologie accidentelle, connaissance accidentelle, dialectique accidentelle.

Sur « l’ascension vers la chute » (p.355) [qui est l’apophatisme propre à B dont ne parle pas DH]

p.358-9 : Revient sur la légitimité de l’emploi du mot « symptôme » : le « avec » (sym-) fait référence à l’intersubjectivité : c’est « avec » la supplication qu’on a le supplice, etc.

Il y a aussi la chute dans symptôme [peu convaincant malgré les nombreuses pages sur ce sujet…]

Finit sur la formule de « volonté de symptôme ».

12. Le double régime de l’image (=conclusion)

Lie la « volonté de symptôme » au Kunstwollen, mais dans un sens plus nietzschéen que selon Riegl. => volonté de susciter l’avènement symptomal des formes (et, pour cela, de déchirer l’anthropomorphisme)

Le double régime de l’image est celui de l’expérience comme épreuve (subie) et expérimentation (active, volontaire). D’où la reformulation de la dialectique :

Thèse : une forme sans épreuve (académique) ;

Antithèse : mise à l’épreuve de cette forme

« Synthèse » : introduire la possibilité non réconciliante d’une forme-épreuve, d’une esthétique du symptomal.

=> dialectique du symbole et du symptôme.

p.380 : Comparaison méthodologique entre Bataille et Warburg.

Conclusion : ressemblance informe comme dialectique symptomale : « être » et en même temps « connaître », c’est « l’instant de violent contact ». Ce contact comme ouverture.

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1 Les citations de Leiris sont tirées de « De Bataille l’impossible à l’impossible Documents », Critique, XIX, 1963, n°195-6.

2 Cf Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé (1830), trad. M. de Gandillac, Gallimard, 1970 : « … il advient fréquemment que la négativité ne soit prise que dans le sens d’une abstraction de tous les prédicats déterminés. Cet acte négatif, l’abstraire, tombe alors hors de l’essence, et ainsi l’essence n’est qu’un résultat sans ces prémisses qui sont siennes, le caput mortuum de l’abstraction » (p.144 et 160).

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